Filles de Shangaï

Filles de Shangaï

Lisa See

Goûteront-elles au rêve américain ?

Shangai, 1937. Une ville colorée et tumultueuse, et deux sœurs, Pearl et May, que la vie a choyées. Mais l’insouciance n’a qu’un temps : endetté, leur père décide de vendre ses filles comme épouses à des Chinois de Californie. Alors que les bombes japonaises qui pleuvent sur la ville, précipitent leur exil, Pearl et May ne se résignent pas. Cette nouvelle vie sera celle de la conquête de leur indépendance.

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8,50 €

Shangai, 1937. Une ville colorée et tumultueuse, et deux sœurs, Pearl et May, que la vie a choyées. Mais l’insouciance n’a qu’un temps : endetté, leur père décide de vendre ses filles comme épouses à des Chinois de Californie. Alors que les bombes japonaises qui pleuvent sur la ville, précipitent leur exil, Pearl et May ne se résignent pas. Cette nouvelle vie sera celle de la conquête de leur indépendance.

Ce qu'ils en disent

« Avec ce livre trépidant, Lisa See nous plonge dans une exotique et romanesque saga familiale. Les sœurs Chin nous embarquent tour à tour dans le Shanghai des années 30, puis le Chinatown de Los Angeles, enfin le Hollywood des débuts. On s'attache aux pas de ces deux filles qu'on ne lâche pas d'une semelle d'escarpin. »


Elvire Emptaz, Elle

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Fiche technique

Compilation
Non
Hauteur (mm)
180
Largeur (mm)
110
Profondeur (mm)
22
Auteur
Lisa See
Type de livre
Noir
Collection Club
France Loisirs Poche
Nombre de pages
512
Poids (Kg)
0.271
Date de sortie nationale
24/06/2020
Editeur
J AI LU
Exclusivité
Non

À propos de l’auteur

L'arrière-grand-père de Lisa See quitta son village chinois au début du siècle dernier pour devenir le parrain du Chinatown de Los Angeles.
Née à Paris, Lisa See est notamment l'auteur de La Mort Scarabée (1998) et de On Gold Mountain (1999), mémoires de sa famille saluées par la critique. C'est durant la convalescence d'une grave maladie qu'est née en elle l'histoire de Fleur de Neige. Après l'immense succès de ce livre, Lisa See travaille, à son domicile de Los Angeles, à un nouveau roman.

Interview de Lisa See pour L'île des femmes de la mer

Sur la petite île de Jeju en Corée, Lisa See nous invite à la rencontre de femmes extraordinaires : les haenyeo, des plongeuses pas comme les autres. Elle a eu la chance de les rencontrer avant d’écrire leur histoire à travers le destin des deux belles héroïnes de L’île des Femmes de la mer. Elle nous raconte.


Quand et comment avez-vous découvert les femmes de la mer ?
Dans la salle d’attente de mon médecin, je suis tombée sur un minuscule article – un simple paragraphe et une petite photo – consacré aux femmes plongeuses de l’île de Jeju. Je l’ai déchiré (oui, je suis ce genre de personnes) et rapporté à la maison. Il a fallu huit ans pour que je me décide à écrire sur les haenyeo. Elles font partie d’une société matrifocale, centrée sur les femmes. Celles-ci retiennent leur respiration pendant 2 à 4 minutes, plongent à près de 20 mètres pour pêcher des fruits de mer. Elles font vivre leurs familles, pendant que leurs époux s’occupent des enfants et font la cuisine. Autrefois les haenyeo prenaient leur retraite à 55 ans, aujourd’hui c’est l’âge de la plus jeune. J’étais et je suis émerveillée par leur courage et leur persévérance, autant que par la camaraderie – sororité – qu’elles partagent.

Avez-vous su immédiatement qu’elles feraient un formidable sujet de roman ?
Oui, mais j’ai mis un long moment à me décider à l’écrire. Je travaillais toujours sur autre chose. Puis, il y a cinq ans, l’UNESCO a inscrit les plongeuses au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Ils anticipaient que cette tradition disparaîtrait d’ici quinze ans, dix désormais. À l’époque, de nombreuses plongeuses avaient déjà plus de 70 ans, certaines plus de 90. Si l’on veut interviewer quelqu’un de cet âge, attendre 5, 10 ou 15 ans, c’est prendre un grand risque. C’était le moment d’écrire ce livre. Et je suis vraiment contente de l’avoir fait à ce moment-là, car je n’aurais pas pu aller à Jeju l’année dernière ou cette année. Et en ce qui concerne l’année prochaine, je suis un peu perplexe…

Comment avez-vous mené vos recherches ?
À Jeju, j’ai pu interviewer des octogénaires et nonagénaires qui, pour la plupart, plongent encore. Une des plus extraordinaires expériences de ma vie. Ces femmes font un travail dangereux, mais elles ont aussi vécu des moments incroyables. M’asseoir à leurs côtés, les écouter raconter leurs souvenirs fut un grand privilège. J’ai fait aussi des recherches plus classiques auprès de chercheurs et de scientifiques et je me suis plongée dans l’histoire de l’île. J’ai fait des interviews à propos du soulèvement de Jeju et on m’a remis un rapport des droits humains sur le massacre de Bukchon, 755 pages qui m’ont permis d’avoir des témoignages à la première personne sur cette période.

Comment décririez-vous les Haenyeo ?
Au début, j’étais inspirée par leur force physique, leur courage et leur endurance. Non seulement elles retiennent leur souffle pour plonger, mais pendant des décennies, elles ont été considérées comme le peuple le plus résistant à l’eau froide. Elles plongeaient en hiver dans les eaux au large de Vladivostok, avec un simple maillot de bain fait-maison  en coton ! Avec le temps, cette admiration s’est transférée à leur force mentale et leur résilience. Elles ont vécu des choses tellement difficiles, et sont pourtant réputées pour leur sens de l’humour. Elles aiment plaisanter, taquiner, particulièrement les hommes. Elles affrontent la mort chaque fois qu’elles pénètrent dans l’eau, elles ont enduré tant d’épreuves dans l’Histoire, mais leur joie de vivre irradie tous ceux qui les approchent. Cette leçon a été essentielle pour moi durant la pandémie. Nous avons traversé des moments difficiles, et certains ont souffert de terribles pertes, mais nous devons malgré cela avancer et trouver de la joie et du sens dans notre vie quotidienne.

C’est important pour vous de raconter l’Histoire d’un point de vue féminin ?
Pendant longtemps, les livres (et l’Histoire) ont été écrits d’un point de vue masculin. Je vois ça comme la « première ligne de l’Histoire », avec les guerres, les dates, les généraux, les premiers ministres et les présidents. Mais si on fait un pas en arrière, qui trouve-t-on ? Les femmes, les enfants et les familles. Bien qu’ils et elles soient là à chaque étape, leurs histoires sont perdues, oubliées, parfois délibérément dissimulées. J’ai envie de découvrir et raconter ces histoires.

Mais je pense aussi à quelque chose qui a moins à voir avec l’Histoire qu’avec la littérature. Pendant longtemps les écrivaines n’ont pas été publiées. Bien sûr, il y a celles que tout le monde connaît : les sœurs Brontë, Emily Dickinson, Colette, Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, George Sand, Virginia Woolf, et d’autres, mais elles restaient vraiment une exception. Cela signifie que dans le corpus de la littérature mondiale la plupart des relations entre femmes, mères et filles, sœurs, amies, ont été écrites par des hommes. Je trouve ça extrêmement excitant de lire sur des femmes à travers des yeux de femmes, et encore une fois, c’est un phénomène relativement récent. Et il y a une telle diversité ! Des accros au shopping, des enquêtrices coriaces, des femmes imparfaites, courageuses, pauvres, riches, des femmes d’autres cultures, religions et traditions.

À travers l’histoire de Mi-Ja et Young-sook, avez-vous eu envie de mettre en lumière la puissance de l’amitié féminine et de la sororité ?
Je suis portée vers les amitiés féminines, parce qu’elles ne ressemblent à aucune autre relation. Nous dirons à une amie ce que nous ne dirions pas à nos mères, maris, petits amis, amants, ni à nos enfants. C’est une forme particulière d’intimité, qui peut offrir de la solidarité, de la force, de l’honneur et du soutien. En ouvrant nos cœurs à l’amitié, nous accueillons le bien, mais ce cœur ouvert nous rend aussi vulnérables à la trahison et à la lâcheté. Chaque fois que j’aperçois le côté sombre de l’amitié féminine, c’est là que je veux faire s’aventurer mon écriture.



Vous êtes née à Paris, que représente pour vous le fait d’avoir des lecteurs français ?
C’est ÉNORME ! Et un tel honneur. Et ça m’invite à l’humilité. Quand je suis née, mes parents étaient étudiants et pauvres, ils partageaient leur appartement. J’ai dormi dans le tiroir d’un bureau. Toute ma famille a été très heureuse quand mon premier livre a été publié en France.